J'ai décidé d'ouvrir la cantine scolaire aux seniors du village !
« Moi je préfère manger à la cantine »
A Bioule, petite cantine du Tarn et Garonne, têtes blondes et têtes blanches partagent les mêmes tables le temps de deux déjeuners par semaine. Au delà du simple repas pris ensemble, entraide, souvenirs et éclats de rire sont au menu.
En 2010, face à l’afflux de nouveaux arrivants, l’école doit s’agrandir et la cantine être remise aux normes. Les travaux commencent et attirent la curiosité des personnes âgées. Le maire, Gabriel Serra leur lance une boutade qui deviendra finalement un défi : « ça vous intéresserait de manger à la cantine ? ». Réponse unanime : « et bien pourquoi pas. »
Le maire entreprend alors les démarches administratives pour rendre cette initiative spontanée réalisable, en toute légalité. La difficulté principale est de définir le prix du déjeuner, qui ne doit faire concurrence ni au portage des repas à domicile ni aux restaurateurs du coin. Les délibérations se tiennent en conseil municipal : une douzaine de places à la cantine pourront être accessibles aux personnes de plus de 75 ans. Le coût de revient du repas est établi à 6€ ; la mairie ne se dégageant aucun bénéfice et n’accordant aucun avantage. L’accord de la préfecture est donné.
Depuis deux ans déjà, les enfants, affamés d’histoires et les personnes âgées avides de lien avec les enfants, se rejoignent plusieurs fois par semaine pour des moments de grande complicité. « J’ai hâte de voir les gosses piailler, de sortir de ma solitude, surtout l’hiver et de retrouver les autres. Ca me permet de garder goût à la vie » nous confie Marie-Louise.
Au delà de cette rencontre entre générations, la cantine fédère tous les habitants. Elle permet un rapprochement des vieux du village, qui désormais y fêtent tous ensemble leurs anniversaires, ou encore vont au restaurant lorsque les portes de la cantine se ferment aux vacances. Par le biais des enfants, les parents, nouveaux arrivants et souvent éloignés de leurs propres familles rentrent en lien avec les anciens.
Ce qui n’était au départ qu’un investissement matériel de la mairie est devenu un projet humain et fédérateur. En un mot : « à table ».
Pauline Orain pour On passe à l’acte